Préserver son identité dans la relation
Depuis toujours, en amour, le couple est associé à l’idée de fusion.
Dans notre culture, on parle de “moitié”, de “trouver sa moitié”, de “ne faire qu’un”. Ces expressions, très ancrées et idéalisées dans l’imaginaire collectif, laissent penser qu’aimer, c’est se fondre dans l’autre, s’appartenir, tout partager, ne plus faire de différence entre soi et l’autre.
Cette vision, profondément romantique, rassure beaucoup.
Elle nous donne le sentiment d’être enfin complet, protégé, enveloppé par le lien. Elle répond à un besoin universel de sécurité et d’appartenance : celui de ne plus être seul.
Mais cette illusion de fusion, aussi belle soit-elle, finit souvent par créer du déséquilibre dans la relation.
Car aimer ne devrait pas signifier s’effacer.
À force de vouloir ne faire qu’un, on se coupe peu à peu de soi.
On se fond dans le couple, on se modèle sur l’autre, on cherche à correspondre à ce qu’il attend, parfois jusqu’à oublier ses propres besoins, envies et limites. Et sans s’en rendre compte, on glisse dans une forme de dépendance affective, où la peur de décevoir ou de perdre l’autre prend le dessus sur la liberté d’être soi.
Le couple, dans ces conditions, perd son équilibre.
Il devient un espace où s’installent les tensions, les reproches, les attentes, les non-dits et la culpabilité. Et c’est souvent dans ces moments-là que se rejouent inconsciemment les dynamiques parent-enfant : l’un prend la position de celui qui “sait” ou “porte”, pendant que l’autre attend, espère, ou se sent incompris.
Parfois, chacun rejoue à sa manière les rôles de l’enfance : elle devient cette petite fille qui cherche à être rassurée, lui ce petit garçon qui tente d’être reconnu.
Ce n’est pas de l’amour qui s’effrite, mais la liberté de chacun d’exister pleinement.
Ces déséquilibres ne naissent pas du couple en lui-même.
Ils trouvent leurs racines bien avant, dans notre propre histoire.
Dès l’enfance, nous observons la manière dont nos parents – ou nos figures d’attachement – s’aiment, se parlent, se respectent ou se blessent.
À travers leurs gestes, leurs silences, leurs conflits ou leurs élans de tendresse, nous intégrons inconsciemment des repères sur ce que signifie aimer.
Ce que nous avons reçu, ou parfois manqué, devient un modèle intérieur qui nous accompagne tout au long de notre vie.
Et même adultes, c’est souvent ce modèle qui guide nos réactions, nos peurs et nos attentes dans la vie de couple.
Certaines blessures d’enfance laissent une empreinte durable.
Quand l’amour a été conditionnel (“je t’aime si tu es sage”, “si tu réussis”, “si tu ne déranges pas”), ou que les émotions n’ont pas eu leur place, l’enfant apprend à s’adapter pour mériter l’attention.
Plus tard, dans la relation amoureuse, ce besoin d’être reconnu ou rassuré se réactive. On attend de l’autre qu’il vienne combler un manque ancien, parfois sans même s’en rendre compte.
Ainsi, une personne qui se sentait stable et indépendante seule peut, une fois en couple, se retrouver dans une dépendance émotionnelle qu’elle ne comprend pas.
Pourtant, ne pas chercher la fusion ne signifie pas aimer moins.
C’est tout l’inverse : c’est ce qui permet au lien d’exister pleinement.
Quand chacun garde son individualité, la relation respire.
On ne cherche plus à posséder l’autre ni à se perdre en lui, mais à le rencontrer réellement.
Se fondre dans l’autre, c’est souvent croire que l’engagement signifie appartenir à quelqu’un.
Mais s’engager, c’est s’aimer et non pas se posséder, c’est choisir de se relier librement.
L’amour véritable n’efface pas les différences, il les accueille.
C’est la différence qui nourrit la relation, qui la fait grandir et durer.
En reconnaissant que nous sommes deux êtres distincts, avec des histoires et des besoins propres, nous permettons à la relation d’évoluer dans le respect, la confiance et la curiosité mutuelle.
Préserver son individualité dans le couple, c’est préserver le désir.
La fusion, à long terme, éteint souvent la surprise et la curiosité.
Or, une relation vivante se nourrit de mouvement, de découverte et d’altérité. Quand chacun continue d’évoluer, de se questionner, de nourrir sa vie intérieure, cela redonne de la vitalité et de la sincérité au lien.
Deux êtres qui s’aiment sans se confondre gardent l’envie de se retrouver, de se redécouvrir, d’apprendre encore l’un de l’autre.
Dans mon accompagnement , en thérapie de couple, j’intègre souvent des séances individuelles.
Elles permettent à chacun de comprendre ses propres schémas, de repérer ce qu’il rejoue dans la relation et d’apprendre à revenir à soi sans rompre le lien.
On ne peut pas rétablir l’équilibre à deux si l’un des deux ne sait plus où il en est seul.
En apprenant à se rencontrer soi-même, on apprend à se relier autrement : avec plus d’authenticité, de respect et de bienveillance.
Aimer, ce n’est pas se fondre, ni se sauver mutuellement.
C’est marcher côte à côte, libre, complet, chacun debout apportant sa part dans une relation où la confiance, la curiosité et le respect de soi deviennent les véritables fondations du lien.
Lorsqu’on s’oublie soi-même pour sauver la relation, c’est la relation elle-même qui finit par s’éteindre.
Car une union sans présence à soi n’a plus d’énergie, plus de souffle, plus de vérité.
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