La place de l'aîné dans la fratrie

12-01-2023

On sait que la place occupée dans la fratrie a des incidences importantes sur les destinées de notre vie. Il convient néanmoins d’être prudent dans une interprétation trop systématique qui lierait le rang occupé dans la fratrie à l’ensemble de la problématique individuelle…

L’héritage de l’Histoire

Il a fallu attendre le début des années 70 et ses profondes mutations sociales pour que le statut de l’aîné commence à évoluer. Pendant des siècles, l’aîné est resté le dépositaire de la lignée familiale. L’attribut le plus frappant dans cet ensemble de transmissions est sans doute celui du prénom ; l’aîné portant fréquemment le prénom de son père, parfois celui de son grand-père. De la même manière, celui que l’on appelle encore parfois « l’héritier » recueillait les honneurs, rangs et privilèges acquis par son propre père (ou sa famille) tout au long de sa vie. Il s’agissait donc à la fois d’une place réellement privilégiée tout en obligeant celui qui l’occupait à des obligations importantes. En cela, l'aîné reprenait le plus souvent "l'affaire familiale", le métier du père ou l'exploitation agricole selon les milieux...

Le dépositaire et le responsable

L’autre facette de la position d’aînée est celle qui renvoie au statut de responsabilité. S’il arrivait quelque chose au père (décès, disparition, invalidité…), l’aîné est celui qui reprenait « naturellement » la place du paternel. Cette injonction traduit ce qui, pendant très longtemps, a dominé le fonctionnement de la famille dans notre pays. En effet, la société globalement patriarcale qui caractérisait la France, jusque dans les années 70, associait l’aîné à un certain nombre de fonctions liées au père : protection des frères et sœurs moins âgés que lui, rôle d’éducateur en l’absence du père ou encore prolongement de l’autorité paternelle (respect du parent, répression, décisions importantes...).

La place d’aînée aujourd’hui

Il faut bien admettre que ce long héritage ne peut s’interrompre complètement en une seule ou même 2 générations. L’ensemble des influences, volontaires ou non, qui ont modelé des générations entières d’aînés, se trouve partiellement actif dans nos fonctionnements inconscients d’aujourd’hui. En cela, nombre d’aînés ressentent encore les stigmates liés aux caractéristiques particulières liées à cette place dans la fratrie. En effet, tous les parents transmettent des schémas dont ils ont été les dépositaires. Parmi ceux-ci, les attributs associés à la position d’aîné figurent souvent en bonne place, profondément ancrés dans la transmission familiale et traversent les générations sans même que chacun puisse en prendre conscience... La place de l'aînée, contrairement aux autres places dans la fratrie, se redessine néanmoins au fil des décennies pour progressivement tendre vers une position plus neutre, plus autonome et probablement plus propice au développement personnel de ceux qui l'occupent...

Article paru dans Psychologie.fr

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